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La faïencerie de Wasmuël

L'art Nouveau

  1. Article écrit par Madame Claire Van Nerom, membre de l'Académie royale d'Archéologie de Belgique, à l'occasion de l'exposition sur le thème de "Céramiques de l'Art Nouveau en Belgique" au Musée d'Andenne.
  2. Photos de l'exposition

Art Nouveau et la faïencerie de Wasmuël par Claire Van Nerom

Colonne fleurs aux iris de la faïencerie de Wasmuël - Art Nouveau
Majolique
Décor à fleurs d'iris en relief
Signé Thurner
H 108 cm - D 36 cm

La fabrique de Wasmuël, en activité de 1841 à 1951, tout d’abord Paulus et ensuite Mouzin depuis 1878, a connu sa période la plus florissante à la fin du 19e siècle et au début du 20e , à l’époque de l’éclectisme et du style 1900, sous la direction d’Auguste Mouzin (1878-1899), de son gendre Eugène Meyer (1899-1907) et de son petit-fils Henry Meyer (1907-1951).

Après la vente de la faïencerie de Tergnier (Aisne, France) qu’il avait fondée une dizaine d’années plus tôt avec plusieurs associés, Auguste Mouzin, l’un des Mouzin de Nimy, revient en Belgique. Désirant y poursuivre ses activités de faïencier, il prend en location en 1878 la petite fabrique Paulus située à Wasmuël sur la route de Mons à Valencienne.
Très vite Auguste Mouzin remet la faïencerie en activité et l’agrandit considérablement au cours des années 1881 à 1886, en construisant une nouvelle fabrique, beaucoup plus grande, adossée à l’ancienne, sur des parcelles de terre qu’il a progressivement achetées.
Son intention était d’y développer principalement la fabrication d’objets dits « de fantaisie » et il visait entre autre le marché français. L’appellation « objets de fantaisie » s’applique à toute une série de céramiques extrêmement variées comprenant aussi bien des articles d’usage courant un peu ornés que les plats et vases décoratifs de toutes les tailles, les jardinières, les cache-pots et les grandes pièces monumentales en vogue à l’époque.

Deux ans à peine après la reprise de la faïencerie, Auguste Mouzin présente des pièces à l’exposition du Cinquantenaire à Bruxelles en 1880. Ensuite, la faïencerie participe aux expositions internationales d’Anvers en 1885, de Bruxelles en 1888 et de Paris en 1889. Elle obtient une médaille d’or à Anvers et à Bruxelles et une médaille d’argent à Paris.

L’intérêt manifesté dans la deuxième moitié du 19e siècle pour la Renaissance et particulièrement pour la Renaissance française a ramené l’attention sur les faïences anciennes de Rouen ou de Nevers et sur le rôle que peuvent jouer les pièces monumentales dans la décoration intérieure de l’époque.
On se met à imiter les plats ornés de crustacés, de poissons ou de petits animaux en relief imaginés par Bernard Palissy. On lui emprunte également la technique des émaux transparents colorés, posés directement sur le biscuit, qui connait un succès énorme appliquée à la faïence fine et donne naissance à toute la famille des célèbres « majoliques » ou « barbotines » à décors en relief rehaussés de couleurs chatoyantes légèrement fusibles.

La technique du coulage qui consiste à verser de la terre plus ou moins liquide (barbotine) dans les moules, adoptée vers la fin du siècle, permet de réaliser assez facilement ce genre de pièces.
Le rôle du sculpteur modeleur qui crée et met au point les modèles à partir desquels l’atelier de moulage exécute les moules, y est particulièrement important.
Cette fonction est occupée pendant toute la fin du 19e siècle et jusqu’après la guerre de 14 par Frédéric Thurner (1865-1925), originaire de Furtwangen près de Fribourg en Brisgau, arrivé à Wasmuël quant il avait environ vingt ans. C’est donc lui qui a mis au point de nombreuses formes et créé la plupart des majoliques parfois très élaborés comme les grands cache-pots décoratifs et leurs supports.
La parution de deux ouvrages consacrés à la faïencerie en 1997 a eu pour conséquence de faire apparaître bon nombre de pièces nouvelles dans les foires et les brocantes. C’est ainsi que le catalogue de Frédéric Thurner s’est considérablement enrichi au cours des dernières années. Aux réalisations déjà connues, signées F Thurner, sont venues s’adjoindre de nombreuses majoliques et des pièces en bleu et blanc marquées de ses initiales F T entrelacées ou le plus souvent d’un T dans une équerre discrètement imprimé en creux dans le décor.
Les deux sites web consacrés à Wasmuël donnent une excellente idée de ce genre d’objets et de leur étonnante variété (www.barbotinebelge.com ;www.lafaienceriedewasmuel-macollection.com )
Au début les pièces sont plutôt de style éclectique avec une tendance un peu Renaissance, mais l’Art Nouveau et l’esprit 1900 s’insinuent peu à peu dans le choix des thèmes et des décors comme les iris en relief des vases ou des colonnes décoratives ou le monumental paon porte-parapluie du Musée de Nimy et ceux plus modestes de la garniture de cheminée du Clockarium ou encore les chardons aux feuilles déchiquetées d’une série de pichets crée vers 1910.

A côté du sculpteur-modeleur, il y a évidemment les peintres des deux ateliers de peinture, sous émail et sur émail, qui réalisent la décoration peinte et la dorure des nombreuses pièces autres que les majoliques. Les décors ne sont généralement pas signés, ce qui rend les attributions fort difficiles. François Dubois ( né en 1839- ) chef d’atelier jusqu’en 1892 a réalisé des décors remarqués lors d’expositions internationales qui lui valent une médaille d’argent à Anvers en 1885 et une autre de bronze à Paris en 1889. Martin Ollinger (1825-1908) originaire d’Echternach actif tout d’abord à La Louvière, puis à Tergnier et ensuite à Wasmuël, est un peintre également. Son fils Arthur Ollinger (1868-1922) chef d’atelier de peinture sur émail avait une prédilection pour les décors d’oiseaux.
De nombreux motifs de fleurs et de plantes, des oiseaux et d’autres animaux de même que des paysages, des décors figurés ou des arabesques ornent des potiches, des plats ou des objets divers, sans qu’on puisse les associer à une personne déterminée.

Les majoliques, les pièces à décor incisé dit « incrust » et celles peintes à la barbotine colorée passent aussi par l’atelier de peinture sous émail. Les premières y reçoivent une décoration sous émail transparent de couleurs et d’émaux légèrement fusibles faisant des effets d’ombre dans les creux. Les décors incisés, sertis de noir, sont traités de manière analogue mais avec un fond uni d’émail opaque et les peintures à la barbotine colorée reçoivent simplement une couche d’émail transparent.

Bibliographie

Photos de l'exposition

Les photos seront déposées d'ici quelques jours...